L'état du monde, vu par le cinéma

À une époque où les images ne cessent d'affluer, le cinéma demeure un art essentiel. Il nous offre le temps d'une lecture sur le monde, une chance de prendre du recul sur des événements complexes et de nous ouvrir à d'autres points de vue, particulièrement précieux dans un contexte de polarisation croissante où les camps s'opposent sans vraiment s'écouter.
Depuis ses débuts, le cinéma a servi de vecteur d’idéologies, de perspectives, et de récits factuels. Qu’il s’agisse d’une fiction ou d’un documentaire, chaque film est le résultat de choix narratifs et esthétiques qui reflètent une vision du monde. Le cinéma n’est pas qu’un divertissement passif ; il nous invite à la réflexion et au débat. Cette nature politique est d'ailleurs souvent mise en avant par ses act·eur·ices, qui utilisent leur notoriété pour porter des messages, comme l’a fait Cate Blanchett à Cannes en 2024, exprimant son soutien à la Palestine à travers une robe aux couleurs du drapeau. Récemment, l’acteur Javier Bardem a également profité d'une cérémonie de remise de prix pour exprimer son opinion sur un conflit international, tandis que plus de 1500 professionnel·les du cinéma ont signé une lettre appelant au boycott des sociétés cinématographiques israéliennes.
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Des films qui nous forcent à voir au-delà des images
La force du cinéma réside dans sa capacité à nous montrer des réalités qui nous sont lointaines ou que l’on préfère ignorer. Le documentaire Put Your Hand on your Soul and Walk, nommé à l’ACID lors du Festival de Cannes 2025, nous plonge dans le quotidien de la photojournaliste palestinienne Fatima Hassouna, documentant la vie à Gaza. La sortie du film a été endeuillée par la tragique nouvelle du décès de Fatima et de sa famille, tués dans un bombardement. En nous connectant à son histoire, ce film nous confronte à une réalité que les chaînes d’information ne peuvent qu’effleurer, et ce de manière humaine et intime.
De même, le réalisateur israélien Nadav Lapid, avec son film de fiction Yes, parvient à dénoncer le génocide en cours à Gaza avec une finesse rare, sans jamais recourir à des images frontales. Il démontre que l'art n'a pas besoin de la violence explicite pour faire passer un message puissant.
Une critique de l'Amérique contemporaine
Paul Thomas Anderson s'est longtemps tenu à l'écart du 21e siècle, préférant explorer des périodes passées pour sonder les maux de l'Amérique. Avec One Battle After Another, il opère un retour remarquable sur le devant de la scène contemporaine.
Le film, vaguement inspiré du roman Vineland de Thomas Pynchon, aborde frontalement l'Amérique d'aujourd'hui, ses centres de détention pour immigré·es, ses groupes nationalistes blancs et la montée de l’angoisse collective. Le film se veut une réponse à une époque fragmentée et souvent déconcertante (avez-vous le discours de Donald Trump à la tribune de l'ONU ?). À travers les yeux de son personnage principal, Bob Ferguson, un ancien militant transformé en père de famille paranoïaque, le film explore le défi de l’engagement politique face à l’usure du temps.

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Paul Thomas Anderson utilise cette œuvre pour explorer la peur de vieillir et le sentiment d'avoir perdu le combat pour un monde meilleur. Mais à travers le regard de la fille de Bob, le film offre une lueur d’espoir. Il suggère que la transmission, l’éducation et le simple fait de protéger la nouvelle génération sont en soi des actes révolutionnaires. Le cinéma, en nous offrant une telle perspective, nous aide à mieux comprendre que même si les grandes batailles ne sont pas toujours gagnées, le combat pour la justice et la dignité ne doit pas cesser.
Sébastien et Alix
Responsable de la communication | Community manager